L’aventure commence par une longue préparation, organisée en collaboration avec le Coach Michel et l’accompagnement de tout le groupe des ouins-ouins,. Un remerciement spécial à Nathalie et Virginie qui m’ont accompagnées dans la bonne humeur sur toutes les sorties, y compris les longues.

Arrivée à Millau le vendredi afin de récupérer le dossard et s’imprégner de l’ambiance course. Petite discussion avec Les meneurs d’allure qui, au vu de ma préparation et de mes temps sur marathon, me rassurent et m’incitent à envisager d’être plus ambitieuse que « finisher »…et partir avec le meneur d’allure de 14h.

Samedi matin 10h, la Fanfare nous accompagne dans les rues de Millau avec une ambiance de folie jusqu’au départ réel, la magie du 100km commence à faire son effet. En discutant avec les coureurs je trouve un groupe avec des temps de référence proches des miens (marathon en 4h)… ils partent sur un rythme de 12h30. 

Au 7e km, je récupère mon suiveur en vélo (lolo), nous sommes maintenant dans la course et tout se passe très bien. Dans l’euphorie, je décide de rester avec le groupe, le rythme semble tranquille et l’ambiance excellente, nous faisons les 20 premiers kilomètres ensemble, nous nous perdons de vue au ravitaillement (ils repartent avant moi). 

Le circuit est très vallonné jusqu’à la fin du marathon et s’avère nettement moins plat que prévu. 

Au 25e km, je passe 605e au scratch et 71e féminine, tout va bien, mais la chaleur commence à devenir pesante.

Au 30e km, je laisse filer le groupe, le terrain de jeu casse patte et la chaleur m’incitent à rester prudente. La fin du marathon se fera sous une chaleur accablante, j’ai l’impression de me traîner et de me faire déposer en permanence sans jamais doubler de coureurs.

Le marathon passé avec 11mn d’avance sur le meneur d’allure 14h (il deviendra la cible de référence), je décide de me faire masser les jambes par le « kiné mobile », mon suiveur vélo. Je suis alors 493e au scratch et 59e féminine.
Le meneur d’allure (qui est aussi parti trop vite) me rattrape au 47e km, au pied de la première grosse montée (sous le pont de Millau). Avec 15mn d’avance sur son allure prévisionnelle, il est trop rapide, je le laisse partir dans la descente pour gérer ma course à mon rythme. Les jambes tournent bien et pas de bobo

Arrivée en bas au 53e km, on attaque la « partie pénible » pour moi, un long faux plat montant de 7,5 km qui use l’organisme et le mental, je décide à ce moment d’alterner course et marche afin de garder du jus pour la montée vers Tiergues de presque 5 km. Malgré la baisse de température les jambes sont dures et l’effort est difficile.
La montée se passe tranquillement, je me sens mieux, la fatigue est présente mais, tout se passe très bien.

On attaque ensuite une grosse descente vers Saint Affrique et la luminosité réduit fortement, je me sens toujours très bien par rapport à ce que j’avais prévu. J’arrive dans la minute du plan de 14h.

Dans ma tête, je me dis que je ne peux plus échouer, on est sur le chemin du retour et tout va bien, on est au 70e km. Je me focalise sur mon rythme de course et mon état de fatigue, je suis alors 403e au scratch et 53e féminine. J’ai du mal à le croire, mais cela fait 25 km que nous ne faisons que dépasser des coureurs …

Arrive enfin la belle rencontre avec Christophe NIDERKORN (dossard 151), avec 10 « 100 km de Millau » à son actif, il me rattrape dans la montée et décide de m’accompagner, nous nous entendons très bien et nous nous tirons mutuellement dans les moments les plus difficiles… Nous finirons la course ensemble.

La montée de Saint Affrique vers Tiergues se fait avec la tombée de la nuit et réalisée à une allure inespérée. En haut de la côte, un petit massage pour dégourdir les jambes au ravitaillement du 75e km et nous repartons sur un bon rythme sur la descente  de St Rome de Cernon (km 83).

A partir de cette descente, nous gardons un rythme très soutenu, les coureurs et les kilomètres défilent. Le faux plat qui m’avait tant fait souffrir à l’aller se passe comme une lettre à la poste (en mode Chronopost). Lolo commence à nous dire que nous allons tourner le 100 km en moins de 14h. Nous (christophe et moi) ne le croyons pas, mais sur les 10 derniers kilomètres parcourus, nous avons repris 15 mn sur le meneur allure 14h … incroyable.

Au 88e km, tout va bien et je me dis que je ne peux plus échouer, Lolo nous incite fortement à nous faire masser afin d’éviter les mauvaises surprises des derniers km… avant d’attaquer la dernière montée vers le pont de Millau qui se passera une nouvelle fois à une vitesse nettement supérieure à celle prévue. Au passage du pont, Lolo nous confirme que nous ferons un temps inférieur à 14h, nous n’y croyons toujours pas tellement cela paraissait incroyable.

Passé le pont, nous nous enfilons donc dans la dernière descente, passons la bosse de Cressiere (96e km) comme si elle n’existait pas. L’euphorie aidant, nous décidons de zapper le dernier ravitaillement . Nous sommes presque arrivés. 
Nous continuons à accélérer jusqu’à l’entrée dans la ville où il nous reste 2km de faux plat montant. L’instant me semble bizarre, la course est quasiment finie, mais les deux derniers kilomètres me paraissent atrocement long. Je me sens fatiguée mais je suis tellement contente d ´être là.

J’arrive dans le parc d’arrivée ou je reprends le meneur d’allure 14h, nous sommes heureux de nous revoir, il n’a plus personne avec lui.
Je passe l’arrivée en 13h 54mn 47… Fière d’avoir pu vivre et réussir cette aventure.

La ligne passée , beaucoup d émotions mais surtout fière d avoir montré que tout est possible , et qu il faut croire en soi. Fière aussi de mettre en avant les équipes médicales qui me suivent depuis 15 ans et l association de cardiologie des Alpes . Aller au bout c était aussi pour eux.

Ce que je retiens avec un peu de recul , c est le formidable soutien que j ai reçu de mon club , de ma famille et de mes collègues, le travail extraordinaire de mon suiveur vélo (chronométreur , masseur, porteur d eau , psy …).